Etude de la CRIIRAD aux abords de la centrale de Saint-Alban (Isère)

GRENOBLE, 16 mai (AFP) - Une étude réalisée par la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) aux alentours de la centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère) révèle plusieurs anomalies qui ne sont cependant pas imputables à EDF.

Rendue publique mercredi soir, cette étude d'un coût de 90.000 F (13.720 EUR) a été financée par le conseil général de l'Isère et par l'association pour l'information rhodanienne sur l'énergie (Aire).

Elle a été réalisée depuis juillet 2000 par les scientifiques de la CRIIRAD, laboratoire privée, qui ont analysé des sédiments et plantes aquatiques depuis le site industriel de Feyzin (Rhône) jusqu'à l'aval de la centrale nucléaire de Saint-Alban.

L'étude a permis de découvrir un excès d'uranium 238 dans les sédiments du Rhône près du site de Saint-Clair du Rhône, où a fonctionné un atelier de fabrication d'acide phosphorique entre 1976 et 1992 appartenant à la société Rhodia Chimie. Le minerai importé sur des barges contenait de l'uranium dont on retrouve les traces aujourd'hui.

L'étude a aussi découvert en aval et en amont de la centrale de l'iode 131 détecté dans les plantes aquatiques. Selon Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire à la CRIIRAD, cet iode 131 provient "probablement des services de médecine nucléaire de l'agglomération lyonnaise".

Sur le bassin Seine-Normandie, la CRIIRAD a déjà démontré une telle contamination du milieu aquatique par des malades à qui on a fait des scintigraphies ou des traitement anticancéreux, et dont l'urine est faiblement radioactive. "Pour confirmer cela, nous aurions besoin de faire des prélèvements dans les égouts des hôpitaux", a estimé M. Chareyron.

Enfin de petites doses de césium 137 et de cobalt 58, rejetées par la centrale ont été détectées, selon l'étude du laboratoire privé. La CRIIRAD  regrette ne pas avoir pu mesurer, pour des raisons de coût, les concentrations en carbone 14, tritium et nickel 63, qui "constituent les principaux radio nucléides rejetés". La CRIIRAD observe que leur impact sur l'environnement "est insuffisamment contrôlé par EDF, les quantités de carbone 14 rejetées dans l'environnement par les centrales n'étant mesurées par EDF que depuis peu de temps". "Cela montre qu'EDF a encore des progrès à faire en matière de transparence", affirme M. Chareyron.

Selon Marc Ottogalli, président de l'Aire, "la centrale respecte les normes, mais cela ne veut pas dire qu'elle ne pollue pas, car quand on sait que les rejets actuels de la centrale sont 50 fois inférieurs aux normes, on se demande si les normes ne sont pas beaucoup trop tolérantes".