Appel de Bruxelles
pour une justice financière internationale

L'émergence de la globalisation financière et le développement exponentiel des flux de capitaux internationaux se sont appuyés sur la transformation de l'argent en données informatiques passant automatiquement d'un compte à un autre par le biais de "chambres de compensation" internationales.

Aujourd'hui, le dénouement de toutes les transactions financières internationales est assuré par une société de "routage financier" Swift, et par deux chambres de compensation internationales Euroclear et Clearstream qui jouent le rôle de facteurs et de notaires du monde financier globalisé.

L'ouvrage "Révélation$" de Denis Robert et Ernest Backes, fruit de deux années d'enquête, démontre qu'une des clés de la mondialisation financière se trouve dans les mécanismes opaques de ces chambres de compensation internationales.

D'une part, la floraison de comptes non publiés ouverts par les filiales de grandes banques installées dans les paradis fiscaux et le fait que certains industriels ont directement ouvert des comptes sans passer par une institution financière ne manquent pas d'inquiéter.

D'autre part, si l’explosion des échanges financiers a pu laisser croire au chaos des flux financiers, en réalité, aucune trace de la circulation des capitaux, qu’ils soient licites ou non, ne s’égare. Toutes les opérations sont enregistrées sur micro-fiches ou disques optiques et conservées au sein des chambres de compensation, et dans les archives de Swift.

Ce constat est à la fois dramatique et porteur d'espoir, puisqu'il confirme qu'il est  techniquement possible d'assurer une "traçabilité" de toutes les opérations financières internationales.

Ainsi, les mouvements de fonds à partir des paradis bancaires et fiscaux peuvent être facilement reconstitués, ce qui offre les outils nécessaires à la lutte contre la criminalité financière et la prolifération des paradis fiscaux. Pour la même raison, le contrôle et l'établissement d'une taxe sur les transactions financières sont grandement facilités.

Ces opportunités ne pourront cependant se concrétiser que si une volonté politique existe.
A contrario, abandonnés sans contrôle réel, ou contrôlés par les seules banques, ces organismes supranationaux peuvent être des pourvoyeurs de corruption, de fraudes financières et de blanchiment.

C'est pourquoi nous demandons aux institutions politiques nationales et supranationales de placer Swift, Euroclear et Clearstream sous le contrôle démocratique d'une organisation de tutelle au niveau européen.

Nous voulons ainsi récupérer les espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère financière et permettre l'établissement d'une justice économique et sociale internationale.

Premiers signataires :

BACKES Ernest (Luxembourg), cadre retraité
BECCARIA Laurent (France), éditeur
DE MAILLARD Jean (France), magistrat
DESIR Harlem (France), député européen (PSE)
ROBERT Denis (France), écrivain et auteur de Révélation$
TOUSSAINT Eric (Belgique), président du CADTM
ZACHARIE Arnaud (Belgique), chercheur au CADTM et président d'ATTAC Liège